III) Un sport aux nombreuses limites




 A) Une pratique synonyme de risques physiques.



On remarque tout d'abord, que dans un vol en wingsuit, les limites proviennent des risques physiques.

   La première sorte de limite physique provient de la prise de risque. En effet, ce sport extrême pousse le wingsuiter à se surpasser et à réaliser des exploits. Cependant, ces tentatives d'exploits peuvent malheureusement se terminer par des accidents extrêmement graves.
Par exemple, Jeb Corliss et Dwain Weston ont réalisé un vol dans le Colorado, tout en prenant le risque de traverser le pont du Royal Gorge Bridge, le 5 octobre 2003. La puissance du vent ainsi que la  distance jusqu'au pont ne sont pas bien évaluées par Dwain Weston. Suite à cette erreur de calcul, il va entrer violemment en contact avec le pont à une vitesse d'environ 160 km/h et meurt sur le coup. 



On voit donc qu'un mauvais calcul, associé à une force du vent trop puissante, et une prise de risque inutile peuvent causer la mort chez un wingsuiter.




   Cependant, la deuxième sorte de limite physique est, elle, incontrôlable : c'est le vent qui en est responsable. En effet, Jeb Corliss a également subit un accident de wingsuit, lors d'un saut qui avait pourtant l'air banal,  le 16 janvier 2012 en Afrique du Sud. En sautant de la Montagne de la Table, qui est située à proximité de la ville du Cap, il se blessa. Il heurta le bord d'une falaise : cela est du à un coup de vent qui l'aurait projeté contre le bord, et non pas à une erreur de calcul puisque un partenaire a établit le même saut au même moment. Heureusement pour ce dernier, il passa le bord de la falaise juste après ce coup de vent.

               SOURCE : Extrait de la vidéo Jeb Corliss - Grounded sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=LEFCQRwj28w


Durant les instants qui ont suivis ce drame, Jeb Corliss était lucide et a surtout été touché aux jambes. Jeb Corliss est un wingsuiter qui a eu beaucoup de chance et qui fait partie d'une très petite minorité de ceux qui ont survécut à un accident. De plus, il s'en est remis et continue à pratiquer ce sport.
On voit, sur cette photo prise lors de l'accident, que Jeb Corliss percute le mont avec ses jambes :

 





   La troisième sorte de limite physique est la météorologie car c'est un facteur qui présente des risques lors du vol. Il faut que Jeb Corliss ait de bonnes conditions météorologiques, afin qu'il puisse effectuer son vol.
Tout d'abord, la visibilité de Jeb Corliss doit être optimale afin qu'il puisse planer sans risquer sa vie. C'est pour cela que les vols en wingsuit se font lorsque les nuages sont les moins présents, et lorsque la neige ou le brouillard sont absents, ce qui permet une vision idéale de tous les environs.
Il faut ensuite prendre en compte le facteur météorologique de la pluie. En effet, lors d'un vol en wingsuit, il faut que la pluie soit absente car cela pourrait dégrader les conditions de vol.
Lorsqu'il y a de la pluie, la combinaison de vol s'affaisse car l'eau qui tombe sur la combinaison, touche l'extrados de la wingsuit. Cette partie supérieur a pour but de se gonfler afin d'améliorer la portance et ainsi la durée du vol, ce qui n'est donc pas le cas avec la pluie.
L'image ci-dessous présente la structure d'une wingsuit et on remarque qu' il y a marqué "air inlet" ce qui veut dire "entrée de l'air". Nous allons nous focaliser sur cet élément.



                            SOURCE : Wingsuit Flying : http://www.socialphy.com/posts/off-topic/25520/Wingsuit-Flying.html



Quand la combinaison se gonfle d'air, elle acquiert une forme courbe, ce qui est à l'origine de la portance. La wingsuit n’assure plus sa fonction de voler lorsque cette combinaison n’est plus gonflée et donc lorsque la pluie est présente. Il est donc capital pour Jeb Corliss de regarder la météo avant chaque saut.





B) Un sport provoquant une dépendance : des risques physiologiques




La wingsuit est un sport extrême qui provoque chez Jeb une sensation de bonheur. Cela est surtout dû à une libération d'endorphines, nommées plus couramment "hormone du bonheur". Mais une trop grande pratique de wingsuit peut entraîner une dépendance et une addiction à cause de cette hormone. Cela provoque alors chez le wingsuiter une volonté de prises de risques, comme nous l'avons vue précédemment. Nous allons alors expliquer le processus de cette dépendance.

Les endorphines sont des neurotransmetteurs sécrétées par l'hypothalamus et l'hypophyse dans le cerveau, tout comme l'adrénaline, la dopamine et la sérotonine (voir II).


                               SOURCE : Futura Santé : http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/dico/d/biologie-hypothalamus-4133/

 
Elles sont libérées lors de situations stressantes et provoque une sensation de bien-être. Lorsque Jeb Corliss effectue un exploit, des endorphines sont libérées. Cette morphine (corps chimique possédant des propriétés antalgiques, c'est à dire d'anti-douleur), naturellement présente dans le corps, se propage dans le système nerveux central, dans les organes, et dans le sang lors d'un exploit.





  SOURCE : Extrait de la vidéo Flying Dagger wrist cam Jeb Corliss sur Youtube :  https://www.youtube.com/watch?v=ve5Kuwp43Do


Pendant l'exploit, les wingsuiters décrivent un état de bien-être, d'exaltation, ou encore d'excitation. Les endorphines sont produites naturellement par le cerveau et c'est grâce à cette production que l'on peut avoir un sentiment d'extase, et qui dure même après le vol.
L'endorphine est une morphine naturelle et donc un antalgique (anti-douleur). En effet, elle peut être comparée à la morphine car ses effets lors du vol sont comparables à ceux que procurent la wingsuit. L'endorphine, tout comme la morphine, est une opioïde (dérivée de l'opium). Les actions de l'endorphine et de la morphine sont semblables : on peut remarquer que la structure de la morphine et celle de l'enképhaline (endorphine fabriquée par le corps) sont similaires.



                  SOURCE : Le  cerveau à tous les niveaux ! : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_dou/i_03_m_dou.html

 

Comme nous l'avons vu, l'effet antalgique est présent chez la morphine et chez l'endorphine. Ces neurotransmetteurs possèdent ainsi les mêmes propriétés. Ils se fixent sur des récepteurs spécifiques qui empêchent alors la transmission des signaux douloureux. Ces récepteurs diminuent la perception de douleur, comme on peut le voir sur le schéma suivant :


           SOURCE : L'analgésie par acupuncture : http://analgesie-acupuncture.e-monsite.com/pages/iii-troisieme-partie/2-effets-et-actions-des-enkephalines-et-des-endorphines-sur-l-organisme.html
 


   Cet effet peut durer jusqu'à quatre heures, après leur sécrétion. Grâce à cette sensation de douleur qui est diminuée, les wingsuiters peuvent améliorer leurs performances.


On a donc vu que l'endorphine est sécrétée par le corps de Jeb lors des exploits de son vol, et qu'elle procure une sensation de bien-être qui peut ainsi améliorer ses performances sportives.
 Cependant, cette hormone provoque une véritable addiction, ce qui pousse Jeb Corliss à se surpasser et donc prendre de plus en plus de risques. 

 La pratique de la wingsuit n'est donc pas seulement qu'un risque physique mais peut également devenir un risque physiologique.